Texte – « Rendez-moi mes poux »

Rencontre avec l’ouvrage de Pef : « Rendez-moi mes poux ! » (PDF à imprimer)

 

Extrait de La Lettre n°2–Avril 2004

 

EN ESSAYANT DE VOUS PARLER DE CE LIVRE …

« Rendez-moi mes poux »de Pef

Emmanuelle Macheboeuf

 

Je n’avais pas particulièrement remarqué ce livre, rangé parmi d’autres sur une étagère, jusqu’à ce qu’une enfant de 7 ans mette la main dessus. Je m’étonne toujours de ce que nous prenons un livre « au hasard», et tombons justement sur celui qui nous permet de dire quelque chose ! L’enfant était au CP et avait du mal à apprendre à lire et à écrire. Petite, elle avait eu un important retard de croissance, non expliqué organiquement, et pour le quel le médecin avait conclu qu’il était « d’origine psychologique». Elle venait à ses séances avec beaucoup de plaisir, avait beaucoup investi les lieux, voulait bien peindre et jouer, mais ni lire ni écrire. Je lui racontai à sa demande « Rendez-moi mes poux ». Vous connaissez sans doute déjà ce livre : l’histoire d’un petit garçon,« objet » de parents peu présents, qui trouve sur sa tête des poux, avec lesquels il s’amuse, qui lui racontent des histoires… Et en lisant ce livre pour cette enfant, tout à coup, j’entendis non plus « Rendez-moi mes poux », mais « Rendez-moi mon symptôme!», «Laissez-moi le vivre, laissez le être mien pour que je me construise ! Certes, il me fait souffrir, mais j’en ai besoin pour l’instant… » Régulièrement, pendant les séances qui suivirent, cette enfant me demanda que je lui lise à nouveau cette histoire. A chaque fois, ses yeux me semblaient briller lorsque sur la dernière page, apparaissait un nuage de poux derrière la voiture familiale, alors que les parents pensaient avoir enfin réussi à s’en débarrasser!

 

Ce livre me paraît vraiment métaphorique du symptôme. La présence de ces poux a un sens : le petit garçon était comme un objet, que l’on ne voit pas comme une personne à laquelle on peut s’intéresser, et sa vie est bien moins dure depuis que les poux sont là. C’est une jolie confirmation de la nécessité de la PRL, grâce à laquelle nous ne nous focalisons pas sur le trouble, pour qu’un déplacement de symptôme ne mette pas l’enfant en danger, et pour que justement en étant entendu, respecté, ce symptôme puisse commencer à perdre de son importance… Dans nos bureaux, il est la promesse faite à l’enfant du respect de son symptôme, et de notre possibilité d’entendre son ambivalence: son attachement à son symptôme, comme son envie de s’en débarrasser…

 

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